Les surtensions dans les moelles et le Ciel Antérieur
Les Sages chinois de l’antiquité ont su mettre en évidence la physiologie énergétique humaine composée de foyers, de merveilleux vaisseaux et de méridiens. Ils ont pu transmettre leurs observations grâce à des textes fondateurs tels que le Huang Di Nei Jing Su Wen, dans lesquels transparait la dialectique du yin-yang, source inspiratrice d’un livre philosophique : le Yi Jing.
Dans ce livre apparaît la notion de mutation du 2 au 4, au 8, au 16, au 32 puis au 64, permettant aux énergies du Ciel de s’incarner progressivement dans la terre pour aboutir à la notion de 64 hexagrammes. Cette dynamique du vivant permet d’en avoir une compréhension éclairée qui a pu être utilisée par les Sages chinois dans tous les domaines, allant de la médecine à l’habitat et à l’astrologie.
Le génie de cette pensée a su trouver écho en Occident chez beaucoup d’êtres sensibles, tels que Jacques Martin Hartz et Jacques Pialoux, qui ont su, à partir des dernières découvertes scientifiques, réaliser la synthèse entre la physiologie énergétique et le concept de mutation des 2 monogrammes aux 64 hexagrammes, ainsi qu’avec les 64 combinaisons de l’ADN et de l’ARN. Ils ont pu le faire sans trahir par une pensée trop occidentalisée la pensée dynamique des anciens maîtres orientaux.
Au centre de cette synthèse, comme un diamant, surgit l’évidence que tout système énergétique, des atomes aux cellules et à tous les êtres vivants, est composé de trois étages, avec tout d’abord une fabrication de l’énergie, puis sa distribution et son utilisation, ces trois étages étant matérialisés par des structures à 3, à 8, à 5 et à 12 composants déjà décrites dans les textes anciens.
Cette pensée inspirée de l’énergie des anciens maîtres permit dans les années 1970 de mettre à jour le concept d’ostéopathie énergétique. Cela se fit grâce à la collaboration, entre autres, de Jacques Pialoux et de deux de ses élèves : Jean-Pierre Guiliani[1] et l’auteur de ce texte.
Quel que soit l’endroit de la planète où des thérapeutes traitent des patients, ils aboutissent avec des dialectiques différentes à des conclusions similaires. Ce fut le cas de John Taylor Still, qui décrivit, avec d’autres mots, des concepts déjà connus en Chine, tels que l’importance de la libre circulation de l’énergie et du sang (la « règle de l’artère »), grâce aux mouvements physiologiques sans stagnation de toutes les structures physiques ayant une mobilité tels que les os, les muscles, les fascias, les organes et les viscères, etc.
L’ostéopathie énergétique naquit de ces deux mêmes familles de pensée. A partir du système énergétique à trois étages et des différentes mutations aboutissant aux 64 hexagrammes, il est possible de comprendre le passage entre un système archétypal céleste et son incarnation et sa manifestation terrestre dans la physiologie et l’anatomie humaine, aboutissant par exemple à 14 méridiens, 14 phalanges, 14 os du crâne, 5 éléments, 5 métacarpiens, 5 métatarsiens, 64 hexagrammes, 64 apophyses articulaires, etc. Ainsi, chaque os, chaque articulation ou chaque muscle est en résonance avec une énergie précise qui peut être mise en relation avec les trois foyers, les huit merveilleux vaisseaux, les cinq éléments, les douze méridiens.
Si nous prenons l’exemple de la cinquième dorsale, cette vertèbre dans sa relation énergétique est en résonance avec le cœur. A son niveau, nous trouvons deux points d’acupuncture : le V 15 Xin Shu 心俞 et le V 40 Shen Tang 神堂. Tous deux sont en relation avec le cœur. Au-dessous de D5 se trouve D6, reliée à une fonction plus profonde du cœur et au Chong Mai, et au-dessus se trouve D4, reliée au méridien Jue Yin, au Foie, au Maître du Cœur et au Yin Wei Mai.
Lorsque toutes les énergies sont en harmonie, les mouvements de D5 se font sans aucune restriction. Si nous plaçons D5 au centre des huit trigrammes ou des soixante-quatre hexagrammes, le corps vertébral étant orienté vers le Sud, lorsque la vie peut s’exprimer dans toutes ses dimensions, les mouvements de D5 peuvent aller du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest sans aucune restriction. Les mouvements de flexion extension, de latéralité rotation et de compression décompression ne connaissent pas de blocage.
Toute perturbation de ces mouvements peut être analysée suivant la théorie des soixante-quatre hexagrammes en fonction de la direction de la restriction. Dans une vertèbre, il existe un espace extérieur et intérieur. L’extérieur correspond à la relation de la vertèbre avec les muscles, les ligaments et les fascias : les Chinois utiliseront la notion de Ciel postérieur. L’intérieur de la vertèbre correspond à sa relation aux moelles : les chinois parleront de la notion de Ciel antérieur. Lorsque l’harmonie énergétique est modifiée, les deux espaces sont touchés. On peut alors employer des techniques orientales ou occidentales qui joueront sur ces deux espaces et sur le cœur. Si les traumatismes physiques ou émotionnels à l’origine de ces perturbations sont plus importants, alors ce seront les moelles qui seront touchées d’une façon plus étendue et dans notre exemple, ce n’est pas seulement D5 dans sa relation avec D4 et D6 qu’il faudra considérer, mais un bloc de stagnation entre les vertèbres sus et sous-jacentes à D5, bloc que l’on peut facilement sentir à la palpation.
Ceci correspond à un plan vertical. Le plan horizontal sera composé des côtes autour de ce bloc et du sternum dont les espaces intérieurs (moelles et Ciel antérieur) pourront être en surtension.
Pour les Chinois, le concept de moelle et de Ciel antérieur s’étend à tous les os du corps. Bien sûr, au niveau du cœur, cela pourra se manifester par des tachycardies, des extrasystoles, mais cela pourra aussi être à l’origine de pathologies dégénératives dues à un vieillissement et à un durcissement prématuré du cœur.
Ces surtensions des moelles, à la fois sur l’axe vertical et sur l’axe horizontal, se transmettent au diaphragme qui, se mettant en position basse, génère des forces de traction vers le bas permanentes sur le cœur. De plus, ces mêmes surtensions dans les espaces internes des côtes et du sternum font que le cœur est en relation avec des surfaces dures qui à chaque battement lui renverront des énergies sans souplesse, favorisant son durcissement et sa métallisation.
Libérer ces surtensions sera essentiel à la fois dans une démarche curative mais aussi, et surtout, préventive.
En ostéopathie énergétique, on utilisera le système de résonance entre l’axe central, composé du cerveau et de la moelle épinière et l’axe horizontal : côtes, clavicule, sternum, et tous les os périphériques longs et courts des membres supérieurs et inférieurs.
Ainsi, la connaissance de la résonance énergétique entre tous les os et articulations et donc des liens entre l’archétype énergétique céleste et son incarnation dans la physiologie et l’anatomie permet alors très facilement de déplacer les surtensions centrales des moelles vers la périphérie où elles peuvent être éliminées. Alors se réalise la relation harmonieuse entre les énergies du Ciel et de la Terre.
Le Ciel n’est pas uniquement le ciel bleu au-dessus de notre tête, mais aussi les énergies qualitatives originelles, à l’état potentiel dans le Yuan Shen 元神, dont est issu l’archétype énergétique à trois étages. Ce niveau vibratoire doit être en permanence en relation par les systèmes de résonance avec les énergies terrestres manifestées dans la physiologie et l’anatomie humaine.
Dans notre monde moderne, les stagnations d’énergie causées par des facteurs émotionnels, physiques et électromagnétiques sont de plus en plus fréquentes. Comme nous l’avons vu, elles touchent d’abord les énergies du Ciel postérieur, puis celles du Ciel antérieur. Dans une recherche de bien-être, le monde actuel se tourne aussi vers la méditation, le Tai Ji ou le yoga : toutes ces pratiques seront facilitées par la libération préalable de toutes les surtensions du Ciel antérieur.
La SFERE[2], centre de recherche établi dans le Sud de la France, à Aix-en-Provence près de Marseille, a enseigné ces connaissances depuis quarante ans à des centaines d’étudiants. Leur expérience clinique quotidienne permet d’en confirmer la véracité. Cette thérapeutique est d’autant plus efficace qu’elle se fond dans tous les protocoles de diagnostic et de thérapeutique enseignés par les anciens maîtres orientaux.
Enfin, cette théorie unitaire de l’énergétique a permis l’élaboration d’un langage commun entre toutes les thérapeutiques énergétiques (médecine classique chinoise, homéopathie, ostéopathie), mais aussi avec la médecine allopathique moderne. La communication entre tous sera source d’inspiration et de progrès pour l’ensemble et permettra à toutes les organisations liées à la santé de faire un bond considérable.
Régis Blin, Directeur d’enseignement de la SFERE
[1] Jean-Pierre Guiliani, ostéopathe et acupuncteur. Directeur et fondateur de la SFERE
[2] SFERE : Société Française d’Etudes et de Recherches en Energétique